Les réponses apportent des questions
Je n’en croyais pas un mot. Mon père venait de m’affirmer qu’ils n’avaient pas trahi le peuple des fées, mais Alaël m’avait clairement dit que c’était mes parents, et personne d’autre, qui avaient découvert leur monde. On leur avait expressément demandé de garder le secret, mais ce dernier avait été dévoilé, mettant à jour un peuple magique que les humains s’étaient empressés de saccager. Qui d’autre qu’eux pouvait en être à l’origine ?
- Ah non ? Pourtant, c’est ce qu’Alaël m’a dit, et elle est bien placée pour le savoir ! A cause de vous, des hommes sont allés dans leur monde pour gagner l’immortalité, et ils ont tout détruit ! Vous aviez découvert leur monde, et le secret a été dévoilé, alors je ne vois pas comment cela aurait été possible si vous n’avez rien dit !
- Ce n’est pas nous qui avons répandu le secret, Naëlle, me dit mon père en me regardant.
- Alors qui ? m’emportais-je, lasse de ne pas avoir de réponse.
Ma mère soupira, manifestement ennuyée de devoir me dévoiler leurs secrets. Cela m’agaçait au plus haut point. N’était-ce pas elle qui avait dit à mon père qu’il fallait que je cherche et que pour m’encourager, ils devraient peut-être me donner des indices ? A quoi jouaient-ils, bon sang ?!
- Naëlle, commença-t-elle, jetant des regards inquiets à mon père, nous avons en effet découvert le secret, et nous en avons fait part à deux personnes. Et uniquement à deux personnes. Ce sont elles qui l’ont dévoilé, pas nous.
- La belle affaire ! Comme c’est pratique de rejeter la faute sur deux hypothétiques personnes à qui vous auriez confié la chose ! Et qui c’était ? demandai-je en m’asseyant.
Mon frère, sans doute inquiet de nous entendre élever la voix, ou du moins moi, était redescendu et nous dévisagea, la peur marqué sur son visage enfantin.
- Qu’est-ce qui se passe ? demanda-t-il d’une petite voix.
- Rien, retourne dans ta chambre, Guillaume ! dis-je sans lui prêter plus attention.
- Mais…
- Va dans ta chambre, maintenant ! criais-je malgré moi, me relevant, agacée mais regrettant aussitôt de m’être emportée sur lui, alors que ma colère n’était dirigée qu’envers mes parents.
Les larmes lui montèrent aux yeux.
- Naëlle, parle sur un autre ton à ton frère, c’est compris ? Tu peux être en colère, mais il n’y est pour rien, lança mon père, le regard sévère, cette fois. Guillaume, remonte dans ta chambre mon chou, tout va bien, ne t’inquiète pas.
Guillaume chercha le regard de ma mère qui se fit doux, et cela arrivant rarement de sa part, mon frère fut suffisamment rassuré pour remonter.
- Alors, c’était qui ? relançai-je, décidée à avoir des réponses.
- C’était les parents de Lucas, dit doucement ma mère.
C’était une véritable douche froide pour moi. Du moins dans un premier temps. Les parents de Lucas, impliqués dans cette affaire ? Comment cela était-il possible ? Lucas ne m’avait jamais rien dit ! Il ne m’avait jamais parlé de secrets dans sa famille ! Plus important encore, il m’avait dit qu’il n’y avait pas d’écriture dans les livres chez lui. Lorsque j’avais découvert ça dans les livres de mes parents, je leur avais demandé de vérifier chez eux et ils m’avaient certifié, Ysaline et lui, qu’il n’y avait rien. M’aurait-il menti, ou n’était-il tout simplement pas au courant ? J’espérais de tout cœur que ça soit la deuxième option, car je ne pouvais pas envisager d’être trahie par mon meilleur ami.
Mais après la surprise vint la colère. Comme par hasard, ils choisissaient les parents de Lucas comme bouc émissaire ! C’était trop facile, j’avais l’impression qu’ils me mentaient, je ne voulais pas le croire.
- Les parents de Lucas ? Mais bien sûr ! Vous n’avez rien trouvé de mieux comme mensonge ? avançais-je, cynique au possible.
J’avais l’impression qu’une conversation silencieuse avait lieu entre eux. Ils se regardaient sans cesse, se parlaient avec les yeux et semblaient parfaitement se comprendre. Combien de temps s’étaient-ils entrainés pour parvenir à cela ? Et pour l’amour de Dieu, qui étaient mes parents ?! Je ne tenais pas en place, ne sachant si je préférais être debout pour faire les cents pas ou assise afin de mieux les écouter.
- C’est la vérité, Naëlle, me dit mon père. Il faut que tu comprennes certaines choses.
- Il est presque temps, oui !
- Ta mère et moi… ta mère et moi travaillions pour une section à part du gouvernement. Une section secrète, qui n’était connue que de quelques personnes haut placées. Nous étions chargés, avec les parents de Lucas, de nous occuper de tout ce qui concerne le surnaturel au niveau de l’Etat.
Je restai muette un moment. Mes parents, agents secrets ? C’était une blague ! Mais devant leur sérieux, je ne pouvais que m’interroger. Ils semblaient réellement dire la vérité. Une vérité à laquelle je n’étais pas du tout préparée. Alors que j’obtenais enfin quelques réponses, des milliers d’autres questions venaient se bousculer à la porte de mon esprit.
La première, cependant, concernait surtout la fin de sa phrase.
- Le surnaturel ? Vous voulez dire, les fées quoi ?
- Les fées, et les autres créatures surnaturelles.
- Les… autres ? Quelles autres ?
- Il y a des… vampires, des loups-garous, des fées, des fantômes… Beaucoup de créatures rôdent autour de nous.
- Mais enfin c’est insensé ! Je n’ai jamais vu rien de tel !
- Parce qu’ils se cachent, et veulent conserver leur existence secrète pour éviter d’en arriver à des choses comme celle qui s’est passée avec les fées. Les surnaturels ont des secrets qu’ils tiennent précieusement à garder pour eux. Comme le monde rendant immortel des fées, par exemple.
- Mais…
- Nous connaissions ces secrets, nous étions le contact entre les surnats et le gouvernement, pour qu’ils puissent vivre parmi nous en paix, me coupa ma mère.
- Les parents de Lucas étaient nos partenaires, renchérit mon père. Ils ont donc été au courant du secret des fées quand nous les avons découvertes, mais ils n’ont pas tenu ce secret-là. Ils ont dévoilé l’existence des fées et l’emplacement de leur monde.
- Et Lucas est au courant ?
L’autre question qui me turlupinait le plus. L’estomac noué, j’attendais une réponse sincère.
- Non, pas plus que toi. Et j’espère que tu ne lui en parleras pas, me dit ma mère.
- Quoi ? Mais je ne peux pas garder un tel secret !
- Naëlle, lorsque les parents de Lucas ont trahi le gouvernement, notre section a été démantelée, nous avons tous été licenciés. Ce qu’ils ont fait est grave et aujourd’hui… disons sans doute qu’ils essayent de refaire leur vie.
- Ici ? Comme par hasard ? Pourquoi au même endroit que vous ?
- Nous sommes arrivés après eux. Et c’est un hasard si c’est au même endroit, répondit mon père.
Un hasard ? Il était vraiment trop gros pour que j’y croie.
- Et qu’est-ce que vous faites alors maintenant ? A partir sans cesse pour travailler, soit disant ?
Mon père sourit, un sourire presque admiratif, comme s’il était fier que je pose toutes ces questions.
- Nous faisons des recherches. Nous ne travaillons plus pour le gouvernement, mais pour une organisation qui s’intègre dans le domaine de l’archéologie. Une archéologie dirigée vers le passé des surnats. Nous n’avons pas tout à fait quitté notre domaine de prédilection.
C’était insensé ! Tout cela me paraissait complètement sorti de… d’un film, ou d’une série. Comment toutes ces choses pouvaient-elles exister sans que je ne m’en sois pas rendu compte ? Et surtout, comment mes parents pouvaient-ils faire partie de ce monde sans que je m’en sois aperçue plus tôt, sans qu’ils ne m’aient rien dit ?
Après cette dernière affirmation, mes parents m’assurèrent qu’il n’y avait rien d’autre à savoir, mais je sentais qu’ils ne me disaient pas tout. Il restait trop de points d’interrogation. Cependant, je pense que j’en avais assez entendu pour un soir. Mon esprit s’agitait dans tous les sens, j’examinais chaque phrase qu’ils m’avaient dit, chaque mot, chaque idée. Quelque chose manquait.
Bien entendu, je ne parvins pas à dormir. Je somnolai quelques heures, mais lorsque mon réveil sonna le lendemain matin, j’avais à peine fermé l’œil.
Il fallait que je raconte tout cela à Alaël. Je ne pouvais pas le faire devant Lucas, j’avais décidé de suivre l’ordre de mes parents et de ne rien lui dire. Non seulement parce qu’ils me l’avaient demandé, mais parce que j’estimais qu’il valait mieux pour lui qu’il vive dans l’ignorance, maintenant que ses parents essayaient de refaire leur vie. Et j’estimais également que ce n’était pas à moi à lui apprendre une telle chose.
Le fait qu’il m’évite depuis notre petite conversation dans les toilettes des filles m’arrangeait et c’est sans difficulté que je pus parler à Alaël seule à seule.
Je lui racontai en détails ce que mes parents m’avaient révélé la veille et elle parut aussi surprise que moi d’entendre que c’était les parents de Lucas qui étaient responsables de la situation concernant sa famille.
- Je n’en reviens pas ! Les parents de Lucas ! S’il l’apprend, il va être dévasté…
- Il ne peut pas l’apprendre. Pas de nous, en tout cas. Ce n’est pas à nous à le lui dire…
- Je ne sais pas Naëlle. Tu ne crois pas qu’il a le droit de savoir ? Qu’il ne va pas nous en vouloir si on ne lui dit rien ? Qu’il ne va pas T’en vouloir ?
- Pourquoi m’en voudrait-il plus qu’à toi ? dis-je, piquée au vif.
- Naëlle… tu sais très bien pourquoi.
- Non, dis-moi ! lançai-je, provocatrice.
- Tu veux vraiment me l’entendre dire ? Très bien… parce qu’il est amoureux de toi !
- C’est n’importe quoi ! Il est avec Ysaline !
- Oh oui, il est avec Ysaline. Mais c’est de toi qu’il est amoureux. Il n’y a qu’elle… et toi pour ne pas le voir. Quoi que je crois qu’elle le sait très bien.
- Tu racontes n’importe quoi ! Lucas est dingue d’Ysaline depuis les primaires, et si elle croyait qu’il était amoureux de moi, elle ne m’adresserait plus la parole !
- Et tu crois qu’elle t’évite parce que… dit-elle en laissant sa phrase en suspens, laissant planer une belle évidence.
Elle marquait un point. Quoi que j’avais plus eu l’impression que c’était moi qui l’évitais, depuis que je savais ce qu’elle pensait des histoires avec mes parents. Quoi qu’il en soit, ma relation avec Ysaline s’était nettement dégradée depuis un moment, c’était un fait.
- Lucas n’est pas amoureux de moi. Je crois que je lui manque, parce qu’on avait l’habitude de passer du temps ensemble, mais depuis le lycée, ce n’est plus trop le cas. D’ailleurs, il me manque aussi. Mais il n’est pas amoureux de moi.
- Comme tu voudras… lança Alaël.
- J’ai l’impression que mes parents me cachent encore des choses, tu sais, dis-je pour changer de sujet, trop mal à l’aise pour continuer sur cette voie-là.. Il faut que je découvre ce que c’est. C’est trop étrange qu’ils soient venus habiter justement là où les parents de Lucas habitaient. Quelque chose cloche.
- En tout cas, tu as déjà quelques réponses…
C’était vrai, j’avais au moins quelque chose sur laquelle réfléchir, à présent. Bien que me torturer l’esprit ne m’enchantait pas particulièrement, mais au moins je n’avais plus la sensation de devenir dingue, ou de l’être. Si Ysaline me reparlait un jour, elle prendrait ça dans la figure.
Notre rendez-vous suivant avec Lucas approchait et j’appréhendais un peu. Nous ne nous étions pas reparlé depuis l’épisode des toilettes, et on n’avait pas confirmé cette entrevue, bien qu’on avait décidé au départ de se voir une fois par semaine.
Tout en me changeant pour mettre mes vêtements de sport, je me demandais s’il allait venir. Et je n’étais même pas sûre de savoir si je voulais qu’il vienne ou pas, à vrai dire. J’avais envie de le voir, il me manquait et je détestais être en froid avec lui, mais j’avais peur de découvrir qu’Alaël avait raison. Je ne voulais pas que Lucas soit amoureux de moi. Je ne voulais pas être celle qui allait détruire le couple qu’il formait avec Ysaline. Je n’avais aucune envie d’être la briseuse de ménage et puis, ils étaient mes amis tous les deux, et j’avais la sensation que si Lucas m’aimait, j’allais en perdre au moins un, si pas les deux à la fois.
C’est donc la boule au ventre que j’arrivai au centre sportif, et mon cœur se serra quand je vis Lucas en train de m’attendre. Il me sourit en me voyant et s’approcha.
- J’étais pas sûr que tu viendrais… me dit-il, hésitant à me prendre dans ses bras pour me saluer.
- J’étais pas sûre que tu viendrais non plus, avouais-je alors en lui faisant la bise pour dissiper toute gêne.
- Naëlle, je ne supporte vraiment pas qu’on soit en froid… je ne sais même pas pourquoi on est en froid, d’ailleurs !
Oui, c’était sans doute une bonne question.
- Alors oublions… dis-je en souriant timidement.
- Avec plaisir ! me dit-il, le visage rayonnant d’une joie non dissimulée.
Je fus grandement soulagée. Nous nous sommes mis à notre sport et après près de deux heures d’efforts intensifs, entrecoupées de pas mal de bavardages, il me raccompagna chez moi.
- J’ai passé une super soirée, je suis content que tu sois venue ! me dit-il.
- Moi aussi, ça fait du bien de se retrouver.
- Si tu veux, on peut faire autre chose, la prochaine fois.
- Le sport, c’est bien, dis-je avec un peu trop d’empressement. Je n’avais pas envie qu’il me propose un cinéma ou toute autre activité qui ressemblerait trop à un rencard.
- Comme tu veux.
- Ysaline va bien ? demandai-je alors timidement.
- Oh, oui, elle va bien. Je crois quand même que tu lui manques un peu, tu sais. Tu devrais peut-être lui parler.
- Moi ? Mais c’est à elle de venir me parler, c’est elle qui me prend pour une folle !
- Oui mais elle ne sait même pas pourquoi tu lui fais la tête !
- Tu n’as qu’à lui dire, toi.
- Je t’ai déjà dit que je ne voulais pas me retrouver entre vous deux.
- Alors pourquoi tu essayes de me faire faire le premier pas ?! attaquai-je, agacée.
- Parce que je n’aime pas vous voir malheureuses toutes les deux, Naëlle ! Tu crois que c’est marrant, pour moi ? Elle n’arrête pas de me parler de toi et elle me reproche d’être toujours ton ami !
- Elle voudrait que tu me lâches pour lui faire plaisir ? J’en reviens pas, quelle peste !
- Eh !
- Quoi Lucas ? C’est une peste ! Elle prétend être mon amie mais elle parle sur mon dos en me traitant de folle à qui voudra l’entendre !
Il soupira, sans doute las de nos disputes, comme je l’étais moi aussi.
- Elle n’a pas dit à qui voudra l’entendre que tu étais folle. Elle m’a simplement dit à moi que tu inventais tous les trucs avec tes parents. Et si je n’en pense pas un mot, tu ne peux pas lui en vouloir de penser ça étant donné qu’on n’a aucun indice. Elle n’est juste pas aussi patiente que toi, c’est tout. Peut-être que si tu lui expliquais que ça te tient à cœur et que tu connais assez bien tes parents pour savoir qu’ils cachent vraiment quelque chose, elle penserait différemment ?
- J’ai des indices. J’ai même des réponses.
- Comment ça ? demanda-t-il, sa curiosité piquée, ce qui me remplit de joie.
Je lui racontai ce que mes parents m’avaient dit, en omettant les parties comprenant ses parents, ou plutôt en remplaçant ses parents par de parfaits inconnus.
- C’est dingue ! C’est complètement dingue ! Tes parents travaillant pour le gouvernement ! s’exclama-t-il.
S’il savait, pensais-je…
- Ouais, c’est fou hein ? Et puis toutes ces créatures… mais mes parents m’ont dit qu’elles vivaient surtout en ville… pas tellement dans nos campagnes, même s’il y en a quelques-unes.
- T’imagines, te retrouver nez à nez avec un vampire ?!
- Je préfère pas ! dis-je en riant.
Il commençait à se faire tard. On plaisanta encore un peu sur les vampires et les autres créatures, puis il décida qu’il était temps de rentrer. Il me serra dans ses bras mais je mis rapidement fin à l’étreinte. Je vis dans son regard qu’il en était frustré, mais il n’en dit rien et repartit. Je vis aussi que ma mère nous avait observés par la fenêtre du salon, mais je fis comme si je n’avais rien vu.
Les jours suivants se suivirent et se ressemblèrent. Rien d’exceptionnel ne se passa. Je n’étais toujours pas décidée à aller vers Ysaline, estimant que c’était à elle de faire le premier pas. Manifestement, elle pensait la même chose puisqu’elle ne vint pas me parler. Il semblait donc que Lucas avait tenu parole et ne se mêlait pas de nos disputes de filles. Ce qui m’agaçait. A moi, il m’avait dit d’aller lui parler, pourquoi ne le faisait-il pas avec elle aussi ? Ou bien était-elle trop têtue pour venir s’excuser ? A moins que Lucas ne lui ai pas dit pourquoi je lui en voulais. Quoi qu’il en soit, je passais tout mon temps avec Alaël, et nous devenions vraiment de très bonnes amies.
Nous parlions beaucoup de ce que j’avais appris récemment, mais nous avions aussi de très nombreuses conversations de filles normales de notre âge. J’avais revu Xavier et elle voulait tout savoir. Je lui racontai qu’il m’avait emmenée visiter son futur logement avec sa sœur à l’université, et les bisous qui devenaient bien plus que ça, même si je n’avais pas encore osé franchir le pas. Quant à elle, elle en pinçait pour Thomas, le garçon que j’aimais bien quand j’étais petite et je lui promis que je lui parlerais d’elle.
Nous avons encore beaucoup parlé de garçons, comme deux filles de notre âge, profitant du beau temps qui nous permettait de veiller tard sous une fraîcheur encore agréable. Mais alors que nous en étions finalement revenues sur le sujet du secret de mes parents, je me rappelai les écritures dans les livres.
- Je n’ai pas pensé leur demander ce que c’était.
- Peut-être que c’était des missions qu’ils devaient remplir ? me dit-elle.
- Je ne sais pas. Pourquoi dans un autre langage ?
- Pour que personne ne puisse les lire, tiens !
- Oui mais… pourquoi chez nous ? Chez nous ils pouvaient parler.
- Je ne sais pas… m’avoua-t-elle. Je n’ai jamais vu ce dont il s’agissait, tu pourrais peut-être en amener un ?
- Si tu veux, dis-je.
Le lendemain, je pris donc en cachette un des livres de la bibliothèque et m’assurai qu’il contenait les mêmes écritures.
A la récréation de midi, je présentai le livre à Alaël. Nous dûmes nous cacher dans les toilettes et éteindre la lampe pour qu’elle puisse voir clairement les écritures.
- Naëlle ! me lança-t-elle dès que la lampe de poche dévoila les lettres dans cette langue inconnue.
Je rallumai la lampe des toilettes.
- Qu’est-ce qu’il y a ? dis-je, curieuse et inquiète à la fois.
- C’est… c’est de l’elfique !
- Quoi ?!
- La langue utilisée. C’est de l’elfique ! Je comprends ce qui est écrit, mon père me l’a appris !
- T’es sérieuse ?!
- Oui… je peux tout te traduire…
Abasourdie, je réalisai que j’avais eu à mes côtés la réponse à toutes mes questions en la personne d’Alaël pendant tout ce temps, et je venais seulement de m’en apercevoir…